Dans le cadre de la présidentielle 2022, nous avons envoyé un questionnaire à chacun des 12 candidats afin leur donner l’occasion d’exprimer leur position sur les questions monétaires.
Les questions que nous avons posées sont les suivantes :
- Pensez-vous que la Création Monétaire puisse être utilisée à des fins politiques ? Si oui comment comptez-vous l’orienter ?
- Selon vous, dans quelle mesure les décisions concernant la Création Monétaire (qu’elles soient prises par les pouvoirs publics ou les banques) peuvent avoir un impact sur la lutte contre le chômage et la pauvreté ?
- Dans quelle mesure peuvent-elles avoir un impact sur la qualité des services publics ?
- Dans quelle mesure peuvent-elles contribuer à la réalisation d’objectifs écologiques ?
- Enfin, dans quelle mesure peuvent-elles avoir un impact sur la sécurité nationale ainsi que la promotion de coopération internationales ?
- Selon le porte-parole de la CADTM, plus de 95% des échanges de devise sont de type spéculatif; le volume des transactions sur les monnaies atteint en effet 6600 milliards de dollars par jour en 2019, soit 123 fois le volume moyen des exportations mondiales de marchandises. Que comptez-vous mettre en place pour limiter ce type de mouvements de capitaux ?
- Seriez-vous prêts à accorder un pouvoir de création monétaire aux Monnaies Locales Complémentaires et Citoyennes (MLCC) ?
- Souhaitez-vous réformer l’Eurosystème ? Dans quel sens ?
- Si oui, dans quelle mesure est-ce urgent ? Que fixeriez-vous comme date limite pour les réformes envisagées ?
- Que changeriez-vous dans le modèle de gouvernance de la monnaie ?
Pensez-vous que la Création Monétaire puisse être utilisée à des fins politiques ? Si oui comment comptez-vous l’orienter ?
Vous trouverez ci-dessous la réponse de l’équipe de campagne de Philippe Poutou.
Bonsoir,
Nous avons choisi de ne pas répondre aux questions dans l’ordre et en fait de commencer par la plus importante à nos yeux, la question 10 : « Que changeriez-vous dans le modèle de gouvernance de la monnaie ? ».
Les politiques néolibérales visent à privatiser de plus en plus la monnaie et sa création et à les soumettre aux logiques du capital : l’indépendance des Banques centrales en est illustration. Notre démarche est inverse : soumettre l’instrument monétaire aux nécessités d’une transformation sociale et écologique dans le cadre d’une planification.
Il faudra donc en finir avec l’indépendance de la Banque centrale (ce qui supposera une confrontation avec les institutions de l’Union européenne telle qu’elle est) et socialiser l’intégralité du système bancaire qui devra être réorganisé.
L’utilisation de l’outil monétaire pourra se combiner avec des mesures de contrôle des prix pour préserver le pouvoir d’achat des salarié.es, allocataires retraité.es.
Cela rendra possible la réalisation des objectifs sociaux que vous énumérez dans vos questions 1, 2, 3 et 4.
Pour ce qui est des aspects internationaux, derrière ces mouvements incessants des capitaux à travers le monde, il y a deux réalités : la spéculation à l’affût du moindre différentiel de taux d’intérêt et la mise en concurrence au niveau mondial des travailleurs/ses par le capital. Des mesures de contrôle des mouvements de capitaux sont donc évidemment nécessaires (ce qui suppose la remise en cause du « secret des affaires »).
Pour ce qui est de l’urgence, il y a deux nécessités :
– La première, la plus fondamentale, renvoie aux retombées d’un système capitaliste qui, on le voit avec l’extension de la misère, des inégalités, des pollutions, de la guerre et des dérèglements climatiques répand de plus en plus, comme l’écrivait déjà Rosa Luxemburg, un « souffle pestilentiel sur la civilisation et l’humanité ». Le dernier rapport du GIEC en est une illustration. De ce point de vue, il y a urgence à se donner les moyens de renverser ce système. Bien entendu, cela ne passera pas seulement ni principalement par la monnaie, mais par des luttes sociales d’ampleur.
– La deuxième nécessité est, dès que serait mis en place un pouvoir décidé à agir dans le sens des intérêts du plus grand nombre, de prendre sans attendre le contrôle de la création monétaire sous peine de se heurter très vite au « mur d’argent ».
Cordialement,
l’équipe de campagne de Philippe Poutou